La mort, ce grand professeur

3581
David Holt
La mort, ce grand professeur

J'essaye depuis longtemps, je fais le tour, j'essaye, j'essaye… de devenir, de faire, de ressentir, de vérifier. Je me bats depuis longtemps pour être quelqu'un que je suis censé être. Comme si dans un endroit lointain, éphémère et éthéré, quelque chose était caché qui, en y arrivant, pouvait trouver le trésor promis.

Soudain, la mort vient et est plantée sur mon visage. Ça me dit que la vie est déjà spirituelle, que la vie court seule et que le même flux qu'un jour nous apporte un jour nous enlève quand elle le considère comme telle.

La mort vient et m'explique que le corps diminue et reste et que l'âme s'en va. L'essence, l'invisible, l'immatériel. Il me dit de ne pas s'inquiéter ... que le corps va progressivement s'estomper, mais que cette partie volatile et infinie ne fait que commencer une nouvelle aventure.

Il me dit de me prosterner devant la personne qui a eu le courage de prendre son dernier souffle, car il est le même Dieu incarné et désincarné ici sur Terre.. Il supprime le mirage et les fausses idées et croyances, et explique que la sagesse réside en chacun.

Que, au fond de notre cœur, nous sommes les mêmes, au-delà de la forme et de l'esprit que nous décidons de développer. Il me dit que l'invisible est bien plus grand que le visible, et que comme une diapositive il faut se laisser tomber dans chacun des moments qui passent, comme si nous étions des enfants coquins et curieux devant le spectacle qui nous est présenté.

La mort m'explique et me dit qu'ici nous avons une très belle opportunité de vivre de nombreuses expériences différentes, et que cela ne vaut pas la peine de nous arrêter en raison de peurs ou de doutes. Que c'est éphémère, aussi éphémère qu'une goutte qui tombe de la rosée et fond sur la terre humide. Et que tout comme la personne qui ment maintenant devant moi, en un clin d'œil je serai celle qui un jour vole dans l'au-delà.

Et puis je me demande: pourquoi avons-nous peur? Et la mort me répond: parce que tu penses que cela ne finira jamais, et parce que tu te crois trop. Et puis je pense qu'il vaut mieux se reposer à chaque instant, observer sans vouloir interférer ou contrôler trop. Savoir aimer avec un cœur ouvert et des mains en avant pour ceux qui veulent les prendre.

La mort me dit qu'il n'y a pas de différence. Il m'explique que tout est pareil. Que cette personne qui semble partir ne change que d'avion, se dirige vers une autre superposée où elle continuera sa route.

Il me dit que c'est comme un miroir double face, qu'autant que l'on ne voit pas l'autre côté, cela ne veut pas dire qu'il n'existe pas. Il m'explique que la mort est aussi vivante que la vie, puisque ce n'est pas la mort elle-même, mais plutôt une transmutation, une métamorphose, un changement..

La mort est glaciale, et la toucher avec vos mains me rappelle que tant que nous sommes vivants ici, il vaut la peine de profiter de la chaleur de ceux qui nous entourent. Que le rythme cardiaque qui fonctionne depuis notre arrivée, ne doit pas être réduit au silence par la honte, et que donner des câlins et des bisous multiplie par mille cette chaleur vivante.

La mort me dit de ne pas se cacher, que nous osons, que nous disons que je t'aime autant de fois que nécessaire, et que nous rappelons à ceux qui se soucient à quel point ils sont spéciaux et à quel point nous sommes reconnaissants qu'ils soient là..

La mort m'assied sur ses genoux et me demande de ne pas avoir peur, que le jour où j'arrive je devrais seulement essayer de faire un saut dans le vide, un vote de confiance face à l'inconnu qui me conduira à connaître des mondes inimaginables alors loin.

Et il me dit aussi, alors, de ne pas être impatient. Que pendant la vie tout vient quand il le faut, et que tu ferais mieux de vivre détendu. Les meilleures choses apparaissent dans les moments inattendus, et cette créativité et inspiration ne peuvent pas être forcées.

Il me demande de ralentir, de réfléchir davantage. Que je tombe amoureux de chaque détail, et que je regarde tout ce qui me manque car à première vue cela peut être inutile. Il y a parfois là où se cachent les secrets les plus précieux. Il me dit de ne pas m'inquiéter pour l'avenir, alors qu'importe? Le temps n'existe pas et vouloir contrôler ce qui va se passer n'est qu'une tromperie qui enlève mon énergie et ma présence.

Dans les siècles des siècles, ce moment est un grain de sable dans un désert sans fin. Caresser le présent est l'éternité manifeste en cet instant. La spiritualité n'exige aucun effort. La spiritualité est maintenant, et tout ce qui sort de maintenant n'est pas spirituel.


Personne n'a encore commenté ce post.